L'activité au repos du réseau par défaut (RD) présente la particularité de diminuer
dès lors que le sujet réalise n'importe quelle tâche cognitive.
Autrement dit, le RD se "désengage" lorsque le sujet réalise une action
avec un objectif spécifique, tandis que l'activité des réseaux liés à
une tâche diminue. Les activités de ces réseaux et celle du RD sont
"anticorrélées", variant en sens inverse.
Le RD serait associé à des activités mentales d'introspection, de référence à soi. Il serait également lié à la capacité de construire des simulations mentales basées sur des souvenirs autobiographiques,
les expériences présentes, mais également sur des projections dans le
futur. "Cette projection de soi par anticipation serait un
élément-clé de l'activité cérébrale au repos. Le RD interviendrait dans
l'élaboration de scénarios mentaux visant à imaginer ou planifier
le futur, comme lorsqu'on se voit déjà se prélasser sur une plage en
pensant à ses prochaines vacances d'été. Le RD pourrait également être
requis lorsqu'on imagine des situations alternatives, qu'elles soient
réalistes ou fantaisistes", déclare Gaël Chételat, directrice de recherche au CHU de Caen.
De même, l'activité du RD serait sollicitée pour notre capacité à comprendre les états mentaux d'autrui. Autrement dit, à voyager
dans la tête des autres. Enfin, l'activité de régions-clés du RD
apparaît corrélée à la fréquence des rêveries diurnes, ces moments
durant lesquels on se perd dans ses pensées.
Selon le professeur Andreas Kleinschmidt,
neurologue aux Hôpitaux universitaires de Genève, notre cerveau
passerait son temps au repos à évaluer de nombreuses hypothèses
concernant une situation qui pourrait se produire dans le futur. "Il s'agit d'un processus dynamique et évolutif, qui n'arrête pas de tourner.
Selon nous, le cerveau cherche constamment à rétablir un équilibre
entre les mondes intérieur et extérieur, ce qui sous-entend qu'il nous
permet d'éviter les mauvaises surprises en faisant des hypothèses sur
l'avenir".
Ainsi, poursuit-il, "lorsque nous sommes au volant de notre voiture, notre cerveau n'arrête pas de mettre à jour des spéculations qui nous préparent à nombre de situations qui pourraient se produire", comme anticiper que la voiture qui nous précède tombe brusquement en panne ou qu'un animal traverse subitement la route. Si cela devait se produire en réalité, nous serions à même de réagir rapidement.
Pour le professeur Maurizio Corbetta, de la Washington University School of Medicine, "cette activité spontanée est une façon de garder opérationnels des processus qui peuvent servir. Cela prend moins d'énergie et cela va plus vite de garder un ordinateur avec tous ses programmes en mode veille, mais actifs, que de le rallumer à chaque fois quand vous faites quelque chose".
"Que fait le cerveau quand il ne fait rien ?". Marc Gozlan. Le Monde, 21 mars 2013
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